ARTISTES
INTERNATIONNAL
Han Tao

En octobre 2015 Han tao fut Invité par la BHN à participer à sa 6éme Biennal,
A cette occasion la Galerie 0 a eu la chance d'organiser l' exosition d'un film proposé par Han Tao dans le service culturel de Lyon 2 puis de participer a une table ronde pour discuter de son travail.
Cette page vous permettra de découvrir cet artiste grace a une biographie et une interview exclusive sur son film Cicatrices
Né en 1979 à Laiwu en République Populaire de Chine, Han Tao commence par une carrière de cinéaste. Artiste dissident, ses œuvres dépassent les frontières chinoises et son travail est accueilli en Asie comme en Europe. Sculpteur, performeur, peintre, il se place en marge du système conventionnel lié au marché de l’art.
Axé sur la violence humaine, le travail de l’artiste heurte, dérange et conduit le public à s’interroger sur la part d’ombre qui sommeille en lui. C’est donc en exprimant cette violence universelle et omniprésente qu’Han Tao s’immisce dans l’intime du spectateur. A travers ses réalisations, il transmet un sentiment d’impuissance devant des cicatrices causées par le pouvoir de sociétés autoritaires et aveugles.
En 2013, une des sculptures d’Han Tao est exposée à la 55e biennale de Venise.
Ses 64 courts-métrages basés sur 64 actes de violence qui ont eu lieu ces 64 dernières années furent présentés dans le cadre de la Biennale Hors Normes en partenariat avec le Pavillon Rouge des Arts, organisation culturelle favorisant les échanges artistiques entre la Chine et la France.
En vue de se plonger plus intimement dans ses productions, une table ronde fut organisée le lundi 12 octobre à 12h30 dans la salle d’exposition et fit l’objet d’une discussion orientée sur La violence au cinéma. La BHN Expose également les encres de l’artiste sur le Campus des Berges du Rhône de l’Université Lumière Lyon II.


Han Tao, cicatrices, vidéo, 2015



L'interview
Est ce qu'il y a eu une évolution dans la conception de leur film ?
Le tournage correspond bien avec notre projet. Il n'y a pas de grand changement par rapport à notre conception originale. Mais on a fait des modifications au fur et à mesure, car l'idée devient de plus en plus précise pendant le tournage et les rencontres. Ce qu’on ne peut pas prévoir, ce sont les témoignages de ces gens. Parfois ils nous donnent des surprises. Il faut que l'on réagit selon ces situations actuelles.
Qu'est ce que la rencontre avec les personnes blessées leur a apporté ?
C'est une influence mutuelle. D'un côté, notre projet s'est nourrit largement de leurs narrations. De l'autre côté, les gens ont trouvé ça comme une thérapie, une sortie de leurs émotions refoulées. lls nous confient leurs secrets devant la camera, partagent leurs expériences douloureux d'un passé enfoui. Nous avons senti cette responsabilité et pesanteur. Ce projet est la cristallisation et la constellation de nos émotions à deux coté de la caméra.
Qu'est ce que les témoignages ont apporté à l'élaboration de leur projet ?
Notre œuvre est fondé sur leurs descriptions. Le contact avec ces gens nous ramène à la mémoire authentique de l'époque, parfois douloureuse, parfois tranquille. Nous tenons de leur exprimer nos sincères gratitudes.
Comment ont ils trouver les personnes qui témoignent dans leur film ?
Il y a des connaissances de nos amis, il y a des gens qu'on ne connait pas du tout, mais qui ont quand même approuvé notre demande de faire un entretien une fois nous expliquons clairement notre objectif et conception de l'œuvre. Il y avait aussi des gens qui ont pris contact volontairement avec nous et sont venus nous raconter leurs histoires. Donc on n'a pas eu beaucoup de difficulté à se justifier ou à convaincre les gens. C'est ce projet lui-même qui fait parler les gens.
Ont-ils eu des difficultés pour trouver des témoins ?
Oui, le plus difficiles est de trouver les cicatrices, qui sont souvent cachés depuis longtemps. Mais comme on vient de dire, nous n'avons pas beaucoup de difficulté à convaincre les gens à parler.
Il y avait, bien sûr, des gens qui disent, pourquoi montrer ces cicatrices, pour pas filmer quelque choses plus jolies, plus optimistes ? Alors, pour moi, la signification de cet œuvre est justement ici, c'est-à-dire, en révélant la misère, nous nous rapprochons plus au bonheur et à toutes les bonnes choses de la vie. C'est un détour pour la beauté. Un détour plus conscient et profond.
Quel est l'impact de la censure et de la situation politique de la Chine sur son travail ?
C'est une politique que nous devons vivre avec, ça fait une partie de notre création même. Il y a certaine influence pour la projection, bien sûr.
Est ce que tout les citoyens sont conscients de la censure et est ce qu'ils mesurent toute l'ampleur de la censure ?
Les gens vivent très loin de ces censures. Ils n'ont simplement pas l'énergie supplémentaire pour ces soucis car la vie est déjà difficile pour eux. Ils se concentrent sur la vie pratique et l'idée de gagner plus d'argent a devenu une valeur morale pour tout le monde. On se pose pas de question sur le système politique car on n'a même pas assez de temp pour s'occuper de nos propres affairs. Nous sommes tous entrainés dans cette vague. C'est aussi pour cette raison qu'on a décidé de faire ce film.
Il y a-t-il d'autres sujets qu'il aimerait aborder ?
On a projet pour deux ou trois film l'année prochaine, y compris les fictions et l'expérimentale. Cependant, les cicatrices se poursuivent continuellement. Dans nos œuvres, il y a des sujets différents non seulement de la violence et douleur, mais aussi les moments tendres de la vie. Ce sont tous nos expériences et compréhensions de la vie et de différentes vies de gens. Tout comme nos interviewés, nous racontons les mots de nos cœurs.



